Patients avec problèmes au travail : conseils pour les médecins généralistes
En cas de problèmes psychiques liés au travail, il est essentiel de tenir compte des antécédents, souvent anciens, du patient ainsi que de sa personnalité et de sa participation à la réintégration.
Les médecins généralistes reçoivent chaque jour des patients présentant des problèmes d’ordre psychique en lien avec leur travail ou le fait de se retrouver au chômage. En outre, ils sont très souvent amenés à devoir estimer le degré de capacité de travail des patients et à rédiger des rapports pour les assureurs. Une nouvelle brochure fournit aux médecins généralistes (médecins de famille) des informations de base sur ces sujets et les aide à évaluer correctement la situation en les invitant à passer en revue différents critères recensés sur une liste de contrôle. Les remarques et recommandations portent sur les trois étapes suivantes :
- identification précoce des problèmes au travail,
- évaluation du degré d’incapacité de travail et
- réintégration après arrêt de travail ou chômage longue durée.
Il est démontré qu'il ne faut pas se concentrer uniquement sur les symptômes actuels de surmenage, car ceux-ci sont en fait la manifestation de problèmes au travail qui perdurent depuis plusieurs années déjà. En conséquence, évaluer la capacité de travail ou l’incapacité de travail en se reposant uniquement sur la situation à un moment ne suffit bien souvent pas : une incapacité de travail d’ordre psychique s’explique presque toujours par un long historique qui a des répercussions sur la personnalité et le comportement du patient. La personnalité et le comportement jouent le plus souvent un rôle plus important lors de la résolution des problèmes au travail que les symptômes visibles, la plupart du temps d’ordre dépressif. Pour que les arrêts maladie contribuent effectivement au retour du patient au travail, il faut prendre en compte cet historique ainsi que les mesures inappropriées appliquées jusque-là. Mis à part dans les cas graves, comme les psychoses ou les dépressions sévères, on risque sinon de procéder à des évaluations qui mettent en danger le maintien du collaborateur à son poste de travail.
La réussite de l'insertion professionnelle est nettement moindre dans le cas des troubles psychiques par rapport aux maladies musculo-squelettiques, par exemple, bien que les symptômes et le vécu soient généralement très similaires. La brochure s’efforce de mettre en évidence les raisons de ce phénomène, notamment le tabou qui pèse sur les troubles psychiques et qui explique pourquoi les collaborateurs atteints n’en parlent pas au travail. De leur côté, les supérieurs hésitent à aborder ce sujet avec les collaborateurs concernés, alors qu'ils pourraient le faire à un stade précoce dès qu’ils remarquent quelque chose d'inhabituel dans le comportement de ces derniers. Sans compter que les troubles psychiques sont difficiles à évaluer. Du coup, même si les employeurs se montrent très réservés et « compréhensifs » au début (bien qu'ils ne « comprennent » rien au problème), ils perdent ensuite vite patience. Parallèlement, les thérapeutes s’affirment généralement comme un rempart face aux employeurs et aux assureurs, ce qui témoigne de leur engagement, mais s’avère souvent contre-productif.
Le présent article illustre à l'aide d'un exemple concret comment clarifier la situation et fournir les bons conseils en cas de problèmes psychiques en lien avec le travail – ceci en im-pliquant toutes les parties concernées. Créé à l’automne 2019, le nouveau centre de compétences en psychiatrie de Bâle-Campagne s’appelle « WorkMed » et accompagne les patients et les thérapeutes lors de problèmes au travail, tout en tenant compte systématiquement et à parts égales des points de vue des employeurs et des assureurs. En outre, l'historique des relations de travail est consigné dans le détail, des engrenages caractéristiques de problèmes sont Patients avec problèmes au travail : conseils pour les médecins généralistes identifiés et des modèles typiques de solutions élaborés. L'expérience des quelque 250 clients à ce jour montre que cette perspective à la fois plus globale et historique permet en peu de temps aux différentes parties impliquées de procéder à une évaluation claire et compréhensible de l'incapacité de travail et contribue potentiellement à l’élaboration de solutions pertinentes en matière de réintégration – même si ce n'est pas facile à accepter pour certaines des personnes concernées au début. Or, si les problèmes liés au travail ne sont pas réellement désignés comme tels, la réintégration au poste de travail ne sera pas durable.