Finance durable : penser la durabilité de manière globale
Cette dernière décennie, des progrès fulgurants ont été réalisés dans le domaine de la finance durable. Un volume d'investissement durable de tout juste deux billions de francs témoigne l’importance. Or, il s’agit bien plus que de simples placements de capitaux neutres pour le climat. Une durabilité pensée globalement implique une excellente synergie entre le secteur financier et la réalité économique. Comment y arriver, c’est ce qu’explique economiesuisse dans une prise de position.
La « durabilité » est aujourd’hui un terme à la mode utilisé pour tout et n’importe quoi. Il suffit de le taper dans un moteur de recherche pour obtenir plus de 65 millions d’entrées en une demi-seconde. Et le mot d’ordre « durable » (sustainable) est de nos jours impossible à éviter. C’est la même chose pour le secteur financier : la « finance durable » est dans toutes les bouches. Même le Conseil fédéral a publié un rapport à ce sujet en décembre 2022. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette notion ? L’organisation faîtière economiesuisse s’est également penchée sur cette question avec l’aide de l'Association Suisse d'Assurances ASA.
Près de deux billions d’actifs investis de manière dura
Une chose est sûre : en orientant les flux financiers vers des activités durables, le secteur financier dispose d’un énorme potentiel pour transformer les marchés et contribuer à façonner les systèmes économiques dans une optique de durabilité. En outre, les établissements financiers suisses procèdent de plus en plus à des investissements durables : en 2021, le volume de placements investis de manière durable atteignait près de deux billions de francs suisses dans notre pays . C’est près de cinquante fois plus qu’il y a dix ans. À cet effet, les prestataires de services financiers définissent et appliquent des lignes directrices, par exemple sur l’exercice du droit de vote. Forts de leur voie, les actionnaires peuvent ainsi exprimer ce qu’ils entendent par une gestion qualitative et durable des affaires – et influer dès lors sur l’activité des entreprises.
Nombre de compagnies d'assurances ont commencé il y a quelques années déjà à gérer leurs investissements selon des critères de durabilité ou à restructurer leurs portefeuilles en conséquence. Les efforts vers la neutralité climatique en constituent une bonne illustration : 17 assureurs privés suisses sont par exemple membres de la Net-Zero Asset Owner Alliance (NZAOA). En adhérant à la NZAOA, ils s’engagent à articuler leurs portefeuilles de sorte à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Aujourd’hui, les assureurs privés suisses réalisent déjà plus de la moitié de leurs investissements conformément à cette promesse. Et même des compagnies d’assurances qui n'ont pas rejoint l’alliance visent à moyen et à long termes l’objectif de la neutralité climatique.
Une approche globale s’impose
En matière de finance durable, il s’agit toutefois bien plus que de simples placements de capitaux neutres pour le climat. Dans les débats actuels sur les objectifs climatiques, la durabilité est, à tort, souvent réduite à sa dimension écologique, ce qui ne prend pas en compte le caractère beaucoup plus large de ce concept. Les 17 objectifs de développement durable de l’ONU l’illustrent parfaitement : la durabilité comprend trois dimensions – écologique, sociale et économique. Seule une économie stable et innovante permet par exemple de générer les fonds nécessaires à la décarbonatation et de développer de nouvelles technologies, davantage respectueuses du climat.
Pour y parvenir, une réglementation orientée sur le marché et un environnement fiscal favorable sont incontournables. Les lignes directrices d’economiesuisse s’entendent en la matière comme un fil conducteur. Or, l'État crée uniquement les conditions en faveur d'une économie innovante. Les richesses sont produites par les entreprises et leur personnel. En conséquence, outre son rôle subsidiaire dans la réglementation, le législateur met surtout l’accent sur l’instauration de conditions d’exercice attrayantes. Notamment en s’efforçant de limiter l’endettement public afin de ne pas pénaliser la force d’innovation des entreprises par une fiscalité trop importante ou un environnement monétaire instable – mot d’ordre durabilité financière.
C’est justement là que les assureurs privés jouent un rôle de précurseurs : ils détiennent aussi un levier important du fait de leur cœur de métier. Protéger les particuliers et les entreprises contre les risques susceptibles de menacer leur existence matérielle, telle est l’essence même de la mission de l'assurance. Elle offre une couverture contre toutes sortes de dangers – des inondations aux maladies en passant par les cyberrisques – et contribue ainsi à la protection sociale et à la stabilité macroéconomique. En outre, elle seconde les pouvoirs publics dans la prévention contre les risques naturels ou celle contre les maladies.
Main dans la main avec l’économie réelle
Les assureurs jouent le rôle de catalyseurs sur la voie vers une économie plus durable. La délimitation des différentes activités économiques dans un système rigide où tout serait noir ou blanc ne répond pas à cette exigence. Penser en termes d'interdictions est inapproprié : il faut rejeter toute restriction réglementaire des modèles économiques et des produits, autorisés légalement, au prétexte de la finance durable. Bien au contraire, des solutions d’assurance et de financement durables doivent favoriser l’innovation et peuvent aider de manière ciblée les entreprises en transition vers davantage de durabilité à atteindre leurs objectifs. Le secteur financier entend accompagner ces dernières et les soutenir au mieux dans cette direction.
Or, cela implique l’amélioration des conditions d’exercice. La disponibilité, la qualité et la transparence d’opportunités de placements et d’investissements durables laissent par exemple encore à désirer. Sans compter que contrôler ses propres activités selon différents critères de durabilité et établir des rapports en conséquence entraînent des frais de transaction élevés et un surcroît de travail. Même si le secteur financier a déjà mis énormément de choses en œuvre pour relever ces défis, par exemple sous la forme d'un rapport annuel sur la durabilité publié par le secteur suisse de l’assurance, il est néanmoins confronté à une certaine lourdeur administrative.
Joindre le geste à la parole
Le fait que le terme de « durabilité » soit employé en permanence et à tout propos traduit l’importance et l’urgence de cette problématique. Aussi et surtout dans le secteur financier. Or, quiconque se fait le chantre de solutions durables doit également montrer ce qui se cache derrière cette promesse. En la matière, il ne s’agit pas de jouer sur les mots, mais de générer de la valeur ajoutée. Cela passe, d'une part, par une présentation transparente des positions et des objectifs visés et, d’autre part, par la concrétisation de ces objectifs et positions dans la pratique, c’est-à-dire par le fait de joindre le geste à la parole. La prise de position d'economiesuisse en constitue un bon exemple et consiste en une base solide pour faire avancer cette problématique de manière efficace et concluante pour l'ensemble de l'économie.
Plus sur le prise de position
Outre la définition et la détermination du but de la finance durable, six lignes directrices ont été adoptées dans cette prise de position d’economiesuisse. Elles veulent fournir un premier fondement commun pour l’économie dans son ensemble et servir de guide à tous les membres de l’association faîtière de l’économie suisse. Par ailleurs, ces six lignes directrices sont censées permettre un positionnement proactif et dynamique sur des questions individuelles.
En sa qualité de membre d’economiesuisse, l’Association Suisse d’Assurances ASA a joué un rôle important dans l’élaboration de cette prise de position et soutient sans réserve les présentes lignes directrices.