Étude BAK 2023 : L’im­por­tance éco­no­mique du sec­teur fi­nan­cier

Le secteur financier, véritable pilier de l'économie suisse

Les entreprises du secteur financier fournissent une multitude de services tels que la couverture des risques et l'approvisionnement monétaire pour les particuliers et les entreprises. Ces deux éléments sont indispensables au bon fonctionnement de l'économie. En 2022, les 234 600 personnes travaillant pour le compte des assureurs et des banques ont généré une valeur ajoutée brute de 70,9 milliards de francs. Ainsi, 5,4 pour cent des emplois en Suisse étaient directement imputables au secteur financier. Si sa part dans la valeur ajoutée brute générée par l’économie suisse est significativement plus élevée (9,4%), cela s’explique par une productivité par poste de travail supérieure à la moyenne. Les assureurs se distinguent au sein du secteur financier comme une branche particulièrement productive. Avec 515 900 francs générés par poste à plein temps, leur productivité est presque trois fois plus élevée que la moyenne, tous acteurs économiques confondus.

L’imposition directe des revenus des salariés et des bénéfices des entreprises du secteur financier a rapporté 7,8 milliards de francs d’impôts à la Confédération, aux cantons et aux communes. En Suisse, 7,6 pour cent des recettes fiscales résultent ainsi directement de l’imposition des personnes physiques et morales.

En raison des interdépendances économiques, l’activité des banques et des assurances profite, par ricochet, à des entreprises d’autres secteurs. Ainsi, la demande d’intrants, notamment celle de services informatiques ou de conseils, génère des commandes auprès d’entreprises situées en amont de la chaîne de valeur. Par ailleurs, les dépenses de consommation effectuées par les salariés bénéficient tout particulièrement au commerce et à l’industrie. L’ensemble de ces effets pris en compte, le secteur financier a généré en 2022 une valeur ajoutée brute supplémentaire de 30,2 milliards de francs. Au total, 101,1 milliards de francs, soit plus d'un franc de valeur ajoutée sur huit, ont ainsi été liés aux activités du secteur financier.

Ces effets multiplicateurs compris, 100 postes de travail dans le secteur de l’assurance génèrent 100 autres emplois dans d’autres branches suisses. Au total, plus de 161 200 emplois en Suisse sont imputables aux activités des assureurs – 448 200 à celles de l'ensemble du secteur financier.

Par ailleurs, le secteur public bénéficie largement des importantes recettes fiscales provenant du secteur financier. Les impôts prélevés par la Confédération, les cantons et les communes, liés directement et indirectement aux activités du secteur financier, se sont élevés à 18 milliards de francs en 2022, soit 12 pour cent environ de l’ensemble des recettes fiscales en Suisse.

La récente étude sur l'importance du secteur financier suisse s'est particulièrement intéressée au rôle de celui-ci pour le secteur immobilier. En effet, il y assume différentes fonctions. Par exemple, les banques, les assurances et les caisses de pension permettent aux ménages privés d'accéder à la propriété immobilière en leur accordant les crédits hypothécaires nécessaires. Toutefois, les assureurs – les assureurs-vie essentiellement – interviennent bien plus souvent sur le marché en qualité de propriétaires immobiliers et de loueurs d’immeubles d'habitation et à usage commercial. En 2022, les caisses de pension et les assureurs-vie détenaient 14,2 pour cent de l’ensemble des biens immobiliers en location. Les revenus locatifs qui en résultent leur permettent d’honorer l’essentiel de leurs obligations envers les clients.

Incidence de tendances contraires sur les prévisions de croissance

L'année 2023 en cours est marquée par un certain resserrement de la politique monétaire et la morosité de la conjoncture économique au niveau mondial, de sorte que BAK Economics table sur une croissance économique globale modérée (2023 : +0,5%). Parallèlement, les assureurs se trouvent justement aux prises avec un marché qualifié de « rigide », où une offre restreinte rencontre une demande importante. Les assureurs profitent ainsi d’une hausse de leur volume de primes et se révèlent être un moteur de croissance stable sur le marché (+3,3% en 2023, +3,0% en 2024).

Partant du postulat d’une croissance de la demande d’assurances – à mettre notamment au compte de nouveaux produits comme les cyberassurances – BAK Economics pressent l’affirmation par les assureurs de leur rôle de moteur de croissance stable au cours des années à venir et pronostique une croissance moyenne dans ce secteur de 2,4 pour cent environ entre 2024 et 2028. Au cours de cette même période, la croissance du secteur financier dans son ensemble devrait s’établir à 2,1 pour cent, les gains de productivité venant contrebalancer la stagnation des chiffres de l’emploi.